L’Unaf développe et perfectionne depuis les années cinquante des budgets-types visant à évaluer les besoins pour que les familles puissent vivre dans des conditions décentes. Ces budgets identifient les besoins d’une famille-type et calculent ainsi les sommes nécessaires pour les couvrir.
En 1952, le premier budget-type de l’Unaf était publié. C’était l’aboutissement d’un projet mis en chantier en 1947. De 1952 à 1965, de nombreux travaux ont permis d’en affiner la méthode et la structure. Afin de tenir compte des évolutions des besoins et comportements de consommation des ménages, les normes de calcul des budgets-types font régulièrement l’objet de révisions partielles ou complètes.
Afin d’évaluer le montant des dépenses de subsistance pour des familles de référence, l’UNAF calcule chaque mois des budgets-types. Ces budgets ne décrivent pas ce que dépensent effectivement les familles, mais déterminent le niveau des dépenses estimées nécessaires pour qu’une famille, de la composition envisagée, vive sans privation.
Les budgets-types de l’UNAF sont différents du budget réel.
Un budget réel est un budget de ressources, qui part des moyens disponibles pour les affecter le plus judicieusement possible aux différents postes de dépenses.
Les budgets de l’UNAF sont des budgets de besoins, dont la démarche est inverse : ils identifient les besoins d’une famille-type et calculent ainsi les sommes nécessaires pour les couvrir. Il importe de ne pas confondre un tel budget de besoins avec le budget réel observé d’une famille, car les comptes ne sont pas effectués de la même manière (voir : un mode de calcul distinct).
Les budgets-types calculent un minimum décent, pas un minimum vital.
Les normes que nous avons retenues fixent non un minimum vital, mais un minimum décent. Le but n’est pas d’assurer la survie, mais la vie, dans des conditions modestes mais convenables. C’est aussi un minimum décent qui suppose une gestion soigneuse des ressources.
Pour construire les budgets-types correspondant à ce dont devraient disposer les familles, pour vivre de façon décente, l’Unaf s’est appuyée sur 4 grandes sources de normes :
Les recommandations scientifiques
Exemples :
Les dispositions règlementaires
Exemples :
Les préconisations de l’UNAF
Exemples :
Les pratiques observées
Exemple :
Une particularité importante du mode de calcul des budgets-types est d’enregistrer chaque mois l’équivalent monétaire de la « partie consommée » de chaque bien ou service, compte tenu de leurs « durées de vie » ou d’utilisations respectives...
Le même panier se répète chaque mois
Dans les budgets « réels », les individus comptabilisent le prix d’un objet ou d’un service en une seule fois, dans le mois de l’achat (sauf si l’achat se fait en plusieurs fois ou à crédit).
Dans les budgets-types, le même panier de consommation se répète chaque mois, les dépenses sont « mensualisées ». Par exemple, alors que le coût de la rentrée scolaire pèse surtout sur le budget réel du mois de septembre des familles, ce coût est réparti mensuellement sur toute l’année dans les budgets-types, (autre exemple : les frais de vacances).
Les budgets-types tiennent compte de la « durée de vie » des biens
Le budget-type tient compte de la « durée de vie » des objets. Si elle est de dix mois, on comptera pendant dix mois un dixième du prix - prix qui peut bien entendu varier en cours de période à cause de l’inflation.
Bien sûr, dans un budget réel, le prix d’un objet ou d’un service est généralement comptabilisé en une seule fois, à la date de l’achat. Dans le cadre des budgets-types, cependant, cela s’opère différemment : une dépense en bien ou service ayant une durée de vie donnée de « n » mois par exemple, est comptabilisée, chaque mois, à hauteur d’un « n-ième » de son montant, ce dernier variant plus ou moins au cours du temps sous l’effet de l’inflation. Cette spécificité comptable impacte la façon dont on doit « lire » chaque montant mensuel de dépenses en biens et services dans les budgets-types. Ainsi, il faut comprendre ces derniers comme des montants de dépenses à réaliser sous l’hypothèse d’un amortissement mensuel. Remarquons enfin que cet amortissement n’est pas un amortissement au sens financier, puisque ne faisant pas l’objet d’une actualisation à un taux déterminé.
Exemple : supposons l’achat d’un vêtement pour 240 €, qui servira 12 mois, compte tenu des autres vêtements disponibles. Dans le budget réel, la dépense sera comptabilisée une seule fois, à la date de l’achat, mettons en janvier, et pour le total, soit 240 €. Le budget-type, au contraire, ne prendra en compte que le douzième du prix du vêtement puisqu’il doit durer 12 mois. En janvier, on retiendra donc : 240/12 = 20 €. En février, on retiendra un autre douzième, mais cette fois du prix du vêtement en février, car l’inflation a pu sévir : si le prix est monté à 244 €, le budget-type enregistrera 244/ 12 = 20,33 €, et ainsi de suite. |
Initialement étaient suivis quatre types de familles
En 2012, l’UNAF crée quatre nouveaux budgets-types :
Pas d’enfants de moins de 6 ans, pas de jeunes adultes
Actuellement, les familles des budgets-types ne comportent pas d’enfants de moins de 6 ans. En effet, la prise en compte des modes d’accueil du jeune enfant est difficile car les coûts sont très variables. En outre, il faudrait pouvoir modéliser les besoins année par année vu le développement de l’enfant entre 0 et 6 ans.
De même, les budgets-types ne prennent pas en compte les jeunes adultes pour d’autres difficultés de modélisation. Toutefois, l’Unaf entreprendra prochainement un travail pour incorporer ces deux catégories dans les budgets-types.
Pas de prise en compte des avantages en nature ou de l’autoconsommation
Le budget théorique traduit tout en sommes d’argent, les calculs sous forme de dépenses de couverture des besoins minimaux de vie décente se limitent donc à la sphère réelle marchande. Or il n’est pas rare que les familles arrivent à dépenser moins grâce à des avantages en nature, à l’autoconsommation ou à la solidarité intergénérationnelle ou amicale. Elles pourvoient elles-mêmes à une partie de l’habillement (par fabrication ou don), effectuent elles-mêmes certains travaux d’entretien ou d’aménagement, construisent elles-mêmes leurs propres meubles avec des matériaux de récupération ou cultivent un jardin, etc. Ces biens et services étant extrêmement variables d’une famille à une autre, le budget-type ne peut considérer que leur équivalent en argent.
A noter que cette valorisation monétaire permet de mettre en lumière le travail non rémunéré effectué par les familles appelé également le travail invisible.
Les budgets-types ne prennent pas non plus en compte la place des enfants dans la fratrie. Par exemple, il n’y a pas d’économie sur les habits que les aînés donnent à leurs cadets.
Des budgets-types repères pour tout le territoire
Par ailleurs, comme nos budgets-types traduisent une moyenne nationale, ils pourraient être qualifiés de modestes par un parisien, ou alors élevés pour une personne habitant dans certaines régions. Les normes 2012 des BT corrigent en partie ce défaut en distinguant, pour les postes logement et transport, la zone France hors Ile-de-France, d’une part, et l’Ile-de-France seule, d’autre part.
Les Dom ne font pas l’objet d’un budget-type particulier. Toutefois l’indice des prix utilisé pour la valorisation mensuelle des budgets-types prend en compte l’ensemble du territoire.
Pas d’impôts, pas d’épargne
N’étant pas des budgets de ressources, les budgets-types sont calculés hors fiscalité directe et hors épargne. La fiscalité indirecte à la consommation est quant à elle prise en compte mécaniquement par l’utilisation de prix réels TTC à la consommation dans le calcul des dépenses des budgets-types.