Plusieurs quotidiens ont souligné l’importante baisse du nombre de naissances en France au cours des derniers mois. En effet, selon les résultats en partie provisoires de l’INSEE, les naissances estimées pour les 12 mois précédents ont baissé jusqu’à leur niveau de 2004.
(Source INSEE, séries longues. Prévisions pour 2015.)
L’INSEE rappelle toutefois, dans son « portrait social » annuel, la bonne tenue relative de la fécondité en France, qui est en 2013 la première de l’Union européenne en nombre d’enfants par femme (2,01).
Mais comme le rappelle fréquemment l’UNAF, ces résultats sont fragiles, et la baisse des dernières années doit nous alerter sur l’état de notre politique familiale.
Naissances et politique familiale sont en effet liées, même si le lien n’a rien de mécanique. Olivier Thévenon, Co-Responsable de l’Unité de Démographie Economique à l’institut national d’études démographiques (INED) écrit à ce sujet en 2014 : « En dépit de la très grande difficulté à mesurer la contribution à la fécondité des politiques d’aide aux familles, la plupart des études recensées sur le sujet concluent à leur effet positif sur la fécondité . »
Pour ce chercheur, le succès de la France dans ce domaine réside « dans l’ensemble diversifié d’aides qui octroient aux parents des ressources complémentaires en matière de moyens financiers, de temps et de services nécessaires à la prise en charge des enfants. »
En revanche, pour qu’une politique familiale joue un rôle positif, il est indispensable qu’elle soit réelle, stable, et durable pour que les parents aient confiance en elle : « Les effets d’une politique sont d’autant plus longs à se manifester que son impact n’est sensible qu’après une période donnée qui aura permis aux ménages d’en éprouver la réalité, la durabilité et la stabilité. Ces trois paramètres sont particulièrement importants dans le cas de la fécondité, décision de long terme et irréversible. La stabilité des politiques familiales est alors certainement un paramètre essentiel pour la confiance des ménages. »
Inversement, comme le précise en 2009 une des études européennes les plus exhaustives sur l’impact des politiques familiales, « La réduction des politiques de soutien aux familles peut avoir un effet négatif sérieux » [1] sur les décisions des familles d’avoir un enfant.
Or la politique familiale française fait l’objet depuis quelques années d’objectifs non tenus et de réformes qui peuvent remettre en cause la confiance des familles.
Deux évolutions sont particulièrement préoccupantes :
Pour trop de parents d’un enfant en bas âge, concilier vie familiale et professionnelle reste difficile ou coûteux.
Par ailleurs, les parents ne peuvent plus s’appuyer autant qu’avant sur des droits qui les accompagnent toute leur vie : ceux-ci se réduisent ou sont devenus instables. L’idée que l’effort financier des parents doit être pris en compte ne semble plus acquise autant qu’avant.
Il faut rappeler, enfin, que les pouvoirs publics doivent prendre au sérieux toute baisse des naissances. En effet, si la France reste au premier rang de la fécondité en Europe, elle a gagé l’équilibre de son système des retraites sur ce bon résultat. En effet, depuis 2012, le scénario de base du Conseil d’orientation des retraites (COR) parie sur une fécondité moyenne de 1,95 enfants par femme sur les 50 années à venir. Or ce résultat est bien loin d’être acquis : ainsi, en France métropolitaine, la fécondité est restée inférieure à 1,95 enfants par femme de 1975 à 2005.
[1] P. 87 du document, « Reduction of family support policies can have a serious negative effect. »
L’UNAF s’est exprimée dans les médias
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