La sécurité des enfants en ligne est un sujet où chacun a son rôle à jouer : État, associations, mais aussi entreprises et particuliers.
P@rents ! est un ouvrage qui aborde plus précisément la question de l’exercice de la parentalité à l’ère du numérique. C’est un ouvrage né de la collaboration entre l’UNAF, un organisme chargé de promouvoir, défendre et représenter les intérêts des familles, et Microsoft France, une entreprise qui s’interroge sur le contexte de l’usage des outils numériques qu’elle développe et distribue.
Cette association est le fruit d’une volonté commune d’accompagner les parents dans cette nouvelle ère numérique marquée par l’apparition desconsoles dejeux, l’explosion de l’offre des jeux vidéo, et le déploiement massif et rapide d’Internet et de la téléphonie mobile.
Pour l’UNAF et Microsoft France, ce nouvel environnement ne change pas les fondamentaux de l’exercice de la parentalité.
Simple et informatif, ce guide parental aborde les grands principes de l’éducation et de la civilité dans l’environnement cybermédiatique à travers 7 thèmes principaux, et propose une série de conseils et de solutions pour guider vos actions au quotidien.
P@rents ! vous permet d’aborder plus sereinement les grandes étapes de la parentalité dans l’ère numérique.
Le Collectif Interassociatif « Enfance et Médias », l’institution Défenseur des Enfants créée par le Parlement Français, l’Union Nationale des Associations Familiales et la société Microsoft France ont uni leurs compétences et leur expérience afin d’organiser en avril 2006 un colloque « Enfance en ligne » sur ce thème.
Ce guide et les actes de la conférence sont disponibles sur www.unaf.fr et www.microsoft.com/france/enfance-en-ligne
Ce guide est épuisé dans sa version papier
L’Union Nationale des Associations
Familiales travaille sur l’environnement multimédia des familles et l’exercice
de la parentalité. Depuis 10 ans, l’UNAF s’appuie sur une doctrine
pragmatique : promouvoir la maîtrise culturelle et technique de cet environnement
par toutes les familles, miser sur la coresponsabilité de l’ensemble
des acteurs pour la protection des mineurs, réfléchir et agir en partenariat.
Ce pragmatisme et cette doctrine sont à l’origine de l’association de l’UNAF
et de Microsoft France pour la publication de ce guide parental.
Cette association peut surprendre, et pourtant elle fait sens car elle
réunit un organisme dont l’objectif est d’accompagner les hommes et les
femmes dans l’exercice de leur parentalité, et une entreprise qui s’interroge
sur le contexte de l’usage des outils numériques qu’elle développe et distribue.
Il nous a semblé, au-delà de nos identités respectives et des divergences de
nos champs d’actions traditionnels, que nous avions une action commune à
entreprendre vis-à-vis des parents, car nous faisons des constats similaires
et nous partageons une conviction profonde.
Parmi les constats que nous faisons ensemble, citons ici quelques chiffres.
Les mineurs d’aujourd’hui sont la première génération à avoir grandi
avec la multiplication des chaînes de télévision et des radios, l’apparition
des consoles de jeux, l’explosion de l’offre des jeux vidéo, et le déploiement
massif et rapide d’Internet et de la téléphonie mobile.
Selon une enquête IPSOS 2005, parmi les 6-8 ans, un enfant sur quatre
dispose de la télé dans sa chambre. Dès 8 ans, 80% des enfants savent
jouer avec une console de jeux. Vers 13-14 ans, un enfant sur deux possède
sa console de jeux, un lecteur de CD et un sur quatre a déjà son ordinateur.
Déjà 30% des 6-8 ans utilisent Internet, une proportion qui atteint 80%
chez les 13-14 ans. A partir des chiffres 2003 du CREDOC, on peut estimer
aujourd’hui que 90% des 12-17 ans sont familiarisés avec Internet, que 60%
utilisent les messageries électroniques et que 35% jouent déjà en réseau.
Selon une enquête de TNS/Sofres, parmi les 15-17 ans, 94% utilisent
un téléphone mobile, 100% savent envoyer des SMS, 60% prennent des
photos avec leur téléphone, 40% en envoient, 38% écoutent de la musique et
29% consultent déjà des sites Internet avec leur téléphone. Enfin, selon une
enquête 2005 de Médiamétrie, 35% des quelques 6 à 7 millions de journaux
personnels actifs en ligne, les fameux blogs, apparus en moins de deux ans,
auraient été créés par des 11-15 ans et 47% par des 16-25 ans.
Elevés dans un environnement d’information et de communication nouveau,
les 0-18 ans d’aujourd’hui sont largement en rupture avec la génération
précédente pour tout ce qui concerne l’utilisation des outils numériques.
Notre conviction commune est que cet environnement ne change pas
les fondamentaux de l’exercice de la parentalité. Certes des valeurs spécifiques
paraissent être véhiculées par les nouvelles technologies comme
celles de l’échange, du partage, de l’immédiateté, voire d’une gratuité et
d’une liberté tous azimuts. Certains observateurs inquiets considèrent que
le nouvel environnement cybermédiatique de l’enfance serait à l’origine de
la crise des autorités et des institutions. Comme souvent, les choses ne sont
pas si simples et il faut aller au-delà des impressions et des peurs. L’enquête
de juin 2005 de l’Observatoire des 6-14 ans d’IPSOS, conduite auprès de
2000 foyers, montre que la fermeté - à condition qu’elle soit accompagnée
d’explications et de dialogue - est plébiscitée tant par les parents que par
les enfants. Certes les mineurs d’aujourd’hui ont une volonté de rébellion à
l’image de leurs aînés, mais si ils disposent de plus de moyens de l’exercer,
dans la grande majorité ils ne le font pas. L’autorité est reconnue par les
enfants si elle les aide à être guidés dans la vie. Selon cette enquête, l’obéissance
se porterait relativement bien. La plupart des enfants reconnaîtraient
« obéir à leurs parents », « demander avant de faire quelque chose », voire
« tout raconter à leurs parents ». Selon cette étude, la reconnaissance de
l’autorité parentale ne s’estomperait pas au fur et à mesure que l’enfant
grandit, bien au contraire.
C’est autant - si ce n’est plus - par l’exercice d’une autorité parentale
au sens le plus noble du terme que par la mise en oeuvre des outils
techniques de filtrage dont disposent les parents, que l’utilisation par nos
enfants des technologies du XXIe siècle sera plus sûre, plus civique et plus
enrichissante.
Hubert Brin
Président de l’UNAF
Eric Boustouller
Président de Microsoft France
Être parents, c’est se porter garant de la bonne santé physique et mentale de ses enfants. Tous les jours, c’est les aider à grandir, en respectant leur âge et leur rythme.
C’est les protéger contre les agressions de toute nature, leur apprendre à se protéger, à reconnaître les risques et les éviter, à être prudents sans être timorés.
C’est les accompagner dans leurs découvertes en leur donnant confiance et autonomie, leur parler en sachant les écouter.
C’est leur apprendre à ne pas confondre fiction et réalité, mensonges et vérités, promesses et certitudes.
C’est donner des réponses à leurs questions en leur apprenant à les chercher et à les trouver en faisant les bons choix.
C’est poser des interdits et sanctionner leur transgression en les expliquant. C’est leur apprendre à se respecter et à respecter autrui.
C’est enfin construire une autorité rassurante sans autoritarisme et transmettre le goût et la joie de vivre !
Choisir d’être parents, c’est accepter une responsabilité sans équivalent à l’égard de l’ensemble de la société.
L’existence d’Internet, des nouveaux médias, des téléphones mobiles, des jeux vidéo..., change-t-elle beaucoup de choses dans la pratique au quotidien de la parentalité ?
Non : réel et virtuel ne s’opposent pas. La virtualité est une réalité en puissance. Ce qui est valable au quotidien est aussi valable pour le monde du numérique. Les technologies peuvent encourager le dialogue entre parents et enfants, renforcer le bon sens et même servir d’argument.
Le monde virtuel n’est ni plus ni moins dangereux pour nos enfants que le monde physique. Pour un grand nombre d’entre nous, l’impression de ne pas maîtriser l’utilisation des outils numériques suscite deux réactions extrêmes : interdiction ou liberté totale !
Pourtant, les lois et les grands principes d’éducation et de civilité ne sont pas remis en cause et nous nous proposons dans ce guide de le démontrer.
On offre aux enfants des jouets, des loisirs, des repas, des explications qui correspondent à leur âge. Il n’en va pas autrement avec Internet, les jeux vidéo, les téléphones mobiles ou encore la TV, car à tous les âges, deux principes restent valables : modération et accompagnement.
Modération, parce qu’un équilibre doit être maintenu entre toutes les activités de l’enfant : sport, école, famille, copains, alimentation, sommeil... et médias.
Accompagnement, parce qu’il est évident pour nous tous qu’un enfant ne peut pas être seul dans la vie quotidienne, il en va de même devant un écran. Car devant toute situation, la construction de l’enfant passe par l’expression de ce qu’il ressent, désire et redoute.
Un enfant, mais aussi un ado, seul aux commandes des écrans et sans opportunité d’échange avec un adulte, peut souffrir d’insécurité affective et finir par se réfugier dans une consommation médiatique immodérée et incontrôlable...
Conseils :
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Infos pratiques
On apprend aux enfants à refuser : de prendre un bonbon proposé par un inconnu, de suivre une personne qu’ils ne connaissent pas... Ces recommandations s’appliquent au monde du numérique. Courrier électronique, messagerie instantanée, chat... De nombreux sites font courir des risques potentiels aux enfants de faire de mauvaises rencontres : pédophiles et pédopornographes, usurpateurs et bonimenteurs, exploiteurs et endoctrineurs... L’important est de se méfier des inconnus, qu’on les rencontre dans la rue ou sur le réseau.
Conseils
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Infos pratiques
Certains contenus sont nocifs pour la construction psychique et la socialisation de l’enfant. Toutes les images et les informations ne sont pas bonnes à voir ou à entendre à n’importe quel âge.
Pour protéger nos enfants, la loi française interdit la diffusion aux mineurs de ces contenus et elle oblige les fournisseurs d’accès à Internet à un certain nombre d’actions de prévention.
Cependant ces dispositions légales de protection des mineurs ne garantissent pas totalement qu’un enfant ne soit pas exposé par hasard - ou encore parce qu’il l’a cherché - à des images ou des propos choquants, violents et préjudiciables.
Ces mesures ne se substituent donc pas à l’implication des parents qui, par une vigilance et une présence active, contribuent à la protection de leur enfant.
Conseils
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Infos pratiques
Tous les outils et réseaux numériques sont des moyens de partir à la découverte du monde et des autres. L’emploi du verbe « naviguer » sur Internet est à cet égard symbolique et les jeunes deviennent les « nouveaux explorateurs ».
Grisé par ce nouveau pouvoir, l’enfant peut penser qu’il contrôle tout, sait tout, peut tout vouloir et tout faire et ainsi, commettre des erreurs : répondre à toutes les sollicitations, croire tout ce qui est dit ou écrit, divulguer des informations personnelles, porter préjudice à autrui...
Rien n’est plus dangereux que de laisser un enfant croire que, sous prétexte qu’il sait se déplacer et communiquer seul, il est capable de « tout maîtriser ».
Par exemple, lorsqu’on apprend à un enfant à tenir en équilibre et à pédaler sur deux roues, il peut croire qu’il sait faire du vélo et se laisser emporter par l’ivresse de se déplacer seul plus vite. Pourtant, on doit encore lui apprendre l’usage des freins et les règles de la sécurité routière pour maîtriser la nouvelle autonomie et la nouvelle responsabilité qu’il vient d’acquérir.
Très tôt, l’enfant doit comprendre que « maîtriser » un outil numérique ne le dispense pas de respecter des règles de prudence et de conduite en société et ce, pour son propre bien et celui des autres.
Conseils
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Infos pratiques
L’essentiel de la révolution médiatique « Ne pas faire à autrui ce que l’on ne veut tient dans un fait et un seul : l’individu pas subir de lui et respecter l’autre comme dispose d’un pouvoir, d’une rapidité et on souhaiterait être respecté par lui ». d’une liberté de collecte, de traitement et de diffusion de l’information et des savoirs, sans précédent dans l’histoire.
Aujourd’hui, la possibilité donnée à tous de stocker, diffuser et télécharger des contenus (musique, films, logiciels, jeux...), devrait conduire chacun d’entre nous à s’interroger sur l’exercice de ce nouveau pouvoir et sur les responsabilités individuelles qu’il confère.
Sur la toile, comme dans toute communauté, c’est l’esprit civique qui prévaut : Ces principes gardent tout leur sens dans notre communication avec nos enfants.
Les comportements préjudiciables à autrui ne sont pas de « petites affaires » lorsqu’on en est la victime : le non-respect de la vie privée, l’utilisation de l’image des autres, les discriminations, la fausse information, le mensonge, la provocation gratuite..., sont autant de comportements inciviques dans l’univers numérique que dans la vie réelle.
Conseils
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Infos pratiques
Sans les lois, il n’y aurait pas de libertés individuelles et de libertés collectives. Il n’y aurait pas non plus de droits. Sans lois, vivre ensemble en démocratie ne serait pas possible. Le plus faible, le moins éduqué, le moins chanceux, serait toujours victime et la loi du plus fort partout s’imposerait.
Les lois régissent la vie démocratique et nul n’est censé ignorer qu’elles imposent à chacun des devoirs ; celui des parents est d’éduquer leurs enfants au respect de ces lois et règlements.
Si les technologies numériques ont créé un nouvel espace sans frontières, le respect des règles reste valable pour ceux qui en font usage comme pour ceux qui le conçoivent.
Aujourd’hui, la violation de la vie privée, le téléchargement non autorisé d’œuvres musicales ou audiovisuelles, l’arnaque, le démarchage abusif..., sont répréhensibles dans l’univers numérique comme dans la vie réelle.
Les parents ont ici un rôle crucial à jouer : celui d’expliquer à leurs enfants les interdits et les sanctions en cas de transgression. La tâche peut paraître colossale, mais Internet est peut-être le meilleur moyen de relever le défi dans de nombreux domaines.
Conseils
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Infos pratiques
Par exemple :
L’enfant est un enjeu pour toute société qui veut préserver son avenir. Être des parents, c’est au fond faire au mieux pour assurer son futur.
Mais on ne naît pas parent. L’exercice de la parentalité se découvre bien souvent avec son premier enfant.
Être parent se construit en grande partie au quotidien sous l’influence de sa propre éducation, de l’exemple d’autres parents, d’informations et de conseils puisés dans son environnement y compris médiatique. En fait, on n’élève jamais seul un enfant, même si on est seul à en assumer la responsabilité.
Aujourd’hui, exercer sa parentalité dans l’univers numérique, ce n’est pas être « informaticien » mais plutôt avoir une aptitude à parler des médias et des « consommations médiatiques », pour les réguler sans les diaboliser ni les angéliser. Cette aptitude à la parole, cette capacité de « penser les médias », ne peuvent s’acquérir sans échange entre adultes. De nombreux lieux de rencontres favorisent l’échange et le partage des expériences et des savoirs sur ce qu’est « être parents » à l’ère numérique. Ils sont souvent, mais non exclusivement, associatifs ou éducatifs
Plus les parents tissent de liens avec d’autres adultes, plus ils expriment leurs doutes et leurs certitudes, et plus ils se confortent sur les comportements à adopter et les choix à faire pour aider leurs enfants à bien grandir.
Infos pratiques
C’est entre 6 et 8 ans que l’enfant commence à faire une distinction entre fiction et réalité. Avant cet âge, les enfants tendent à vivre les émotions provoquées par les écrans et/ou résultant d’une confrontation au réel, sur le mode de la confusion et de la fascination.
Puis, l’enfant commence à comprendre ce qu’est une représentation, un récit, une image. Est-il pour autant capable d’exercer seul un esprit critique et de discerner entre, d’une part ce qui est de l’ordre du mensonge et de la propagande et, d’autre part, de ce qui procède d’une intention positive et respectueuse ? Bien sûr que non.
Ce discernement est d’autant plus difficile à exercer pour un enfant ou même un ado, que les adultes eux-mêmes ont tendance à préférer croire aux images et à se référer à des récits plutôt qu’à leur propre expérience ou réflexion.
Tous les contenus médiatiques, des plus anciens aux plus modernes, véhiculent des représentations du monde et des relations humaines pour informer et/ou pour distraire. Conçus de manière à capter l’attention mais également pour influencer le jugement de ceux qui les reçoivent, ils sont d’autant moins aisés à décrypter.
Aussi, pour aider les enfants à décoder ces intentions, les parents devraient eux-mêmes avoir bénéficié d’une éducation aux multimédias. Or, leurs propres parents n’ayant pas grandi dans un environnement cinématographique et télévisuel significatif, ils n’ont pu leur transmettre les clés pour décrypter cet univers inconnu d’eux-mêmes.
La civilisation numérique n’ayant explosé que depuis une décennie, les parents d’aujourd’hui ne peuvent pas s’appuyer sur une culture numérique propre et se retrouvent ainsi dans le même schéma que leurs parents. Ceci explique en partie cette difficulté ressentie par ceux qui ont pour mission de donner aux enfants des repères dans l’océan cybermédiatique et virtuel.
L’éducation aux médias est l’affaire de tous : parents et enfants mais aussi professionnels des médias et élus.
Nous sommes tous responsables de ce que nous transmettons aux générations les plus jeunes, et ce dans une perspective de citoyenneté et de démocratie.
Conseils
Parents, nous devons dans la mesure du possible :
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