Faire des familles une solution pour sortir de la crise

Marie-Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf, signe l'éditorial du Réalités Familiales n° 132/133 : "Familles face à la crise sanitaire".

Réalités Familiales : Familles face à la crise sanitaire
Marie-Andre Blanc, Réalités familiales

Réalités Familiales n° 132/133

Editorial

par Marie-Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf

Avec la crise sanitaire liée à l’épidémie mondiale de Covid-19, nous traversons une période exceptionnelle. Le confinement du printemps 2020 et les mesures adoptées pour protéger la population du virus ont bouleversé la vie de chacun d’entre nous, particulièrement celle des familles.

Economiquement, ce sont en effet les familles avec enfants qui ont été les plus éprouvées : perte de revenus liée au chômage partiel voire perte d’un emploi, réduction ou arrêt d’une activité indépendante, augmentation des dépenses… Une famille avec enfant sur trois témoigne que sa situation financière s’est dégradée suite au premier confinement, bien plus que les ménages sans enfant (moins d’un sur cinq). Avec la fermeture des écoles, la charge des parent a été démultipliée : ils ont dû s’occuper de leurs enfants, assurer l’école à la maison, le tout cumulé avec des journées de télétravail à temps plein. Les parents solo ont été particulièrement éprouvés, d’autant plus qu’ils étaient privés de leurs soutiens habituels (grands-parents, amis, services publics…).

Face à ces nouvelles difficultés, l’absence des soutiens institutionnels habituels a généré des situations parfois explosives dans de nombreux foyers vivant un contexte déjà difficile (budget contraint, relations difficiles avec des adolescents, conflits, rôle d’aidant familial, handicap, trouble psychique, ou maladie chronique d’un de ses membres).
Enfin, l’éloignement des ainés, l’absence de lien ont privé les familles de précieux instants partagés ; parfois c’est un deuil qui les a amputées.

Ce sont les familles qui ont amorti le choc du premier confinement 

Malgré tout, dans ce climat anxiogène lié à la peur du virus, à l’incertitude, à l’enfermement, les familles ont montré de quoi elles étaient capables : ce sont elles qui ont amorti le choc de ce premier confinement. C’est d’abord la solidarité familiale qui a pallié les baisses de revenus, notamment des jeunes, qui s’est manifestée par l’hébergement des enfants étudiants. Ce sont les familles qui se sont improvisées professeurs de leurs enfants, elles encore qui se sont ingéniées à égayer un quotidien entre quatre murs. Ce sont elles toujours qui se sont substituées aux aides à domiciles habituelles pour assister, soigner et nourrir leurs parents malades, âgés ou porteurs de handicap.

Les épreuves traversées n’ont épargné aucune famille. L’effondrement de la natalité au mois de janvier, 9 mois après le premier confinement, est une manifestation sans équivoque d’une perte de confiance généralisée. Si la crise sanitaire a montré que les familles sont des piliers pour notre société, elle a aussi révélé combien elles pouvaient être fragilisées : il y a désormais urgence à réparer, mais aussi à mieux prévenir ces fragilités en investissant dans une politique familiale claire et forte.