Permettre le bon accord entre famille et travail

Isabelle Sancerni, Présidente du Conseil d’administration de la CNAF, signe l'avant-propos du Réalités Familiales n° 136/137 : "conciliation vie familiale-vie professionnelle".

isabelle sancerni

Réalités Familiales n° 136/137

Introduction

par Isabelle Sancerni, Présidente du Conseil d’administration de la CNAF

Parvenir à concilier sa vie familiale et sa vie professionnelle relève encore trop souvent d’une véritable gageure pour les parents. Dès les premières semaines de grossesse, la
recherche d’une solution d’accueil de l’enfant à naître pour permettre aux parents, et
en particulier à la mère, de reprendre leur travail à l’issue du congé maternité est un
important sujet de préoccupation. L’accueil du jeune enfant est la première des conditions à une conciliation réussie entre le fait de travailler et d’assurer son rôle de parent.

C’est pour cette raison que, depuis les années 80, la branche Famille de la Sécurité sociale s’est engagée résolument, aux côtés de ses partenaires, dans la création de places de crèche.
Aujourd’hui, la dynamique de création de nouvelles places s’essouffle et l’offre d’accueil
disponible, que ce soit en crèche ou chez les assistants maternels, bien qu’elle progresse
régulièrement depuis 2014, ne permet pas de répondre aux attentes des parents. À cela s’ajoutent de fortes disparités d’accès à ces équipements d’un territoire à un autre, mais aussi des inégalités sociales : 71 % des familles, qui ne recourent pas à un mode d’accueil, vivent sous le seuil de pauvreté.
Dans ce contexte, le service public de l’accueil du jeune enfant, que nous appelons tous de nos vœux, devra permettre de contrecarrer cette tendance à l’essoufflement. La branche Famille, qui est le premier financeur de ce secteur avec près de 10 milliards d’euros consacrés chaque année à l’accueil de la petite enfance, pèsera de tout son poids pour faire émerger ce service public.

Il sera aussi un puissant levier pour mieux garantir l’égalité homme / femme. Car nous le savons, cette conciliation famille / travail repose trop souvent encore sur les mères. 55 % des salariées déclarent qu’être parent a des conséquences sur leur situation professionnelle lorsqu’elles ont un enfant de moins de 3 ans, contre 27 % des hommes.
La situation se tend davantage encore lorsqu’il s’agit d’une famille monoparentale. D’ailleurs, seules 50 % des mères d’un enfant de moins de 3 ans sont en emploi lorsqu’elles vivent sans conjoint. On comprend l’urgence d’aménager l’accès aux équipements et aux services pour ces familles, parce qu’alors conciliation rime avec prévention de la précarité. Il nous faudra ici progresser sur le développement des crèches à vocation d’insertion professionnelle et les accueils en horaires atypiques. Progresser aussi pour rendre plus accessible financièrement le recours aux assistants maternels, ce qui impliquera une réforme du mode de calcul du complément mode de garde.

Naturellement, les dispositifs permettant une conciliation entre sa vie de parent et ses responsabilités de salarié ne concernent pas seulement les parents de jeunes enfants. Les accueils
collectifs de mineurs (les accueils de loisirs, de jeunes, de scoutisme, et séjours de vacances) sont eux aussi de formidables dispositifs de conciliation. En proposant une offre de loisirs de qualité, ils permettent non seulement aux enfants et aux adolescents de s’épanouir, mais aussi de tranquilliser les parents ; leurs enfants ne sont pas seuls chez eux, livrés à eux-mêmes. En 2021, la branche Famille a financé près de 26 000 accueils collectifs de mineurs sur les temps péri et extrascolaires pour un montant de 1,2 milliard d’euros. Pour accompagner ce secteur fragilisé par la crise sanitaire, la branche Famille, en 2021, a revalorisé significativement le montant des aides au fonctionnement versées aux accueils extrascolaires (+ 5 %) et adolescents (+ 56 %), pour un montant total de 25 millions d’euros.

À l’aube des négociations qui vont s’ouvrir avec l’État sur notre Convention d’objectifs et de
gestion, la poursuite de l’amélioration de la conciliation familiale, sociale et professionnelle sera au cœur de nos ambitions pour les années à venir.