Enquête thématique

Perception par les familles de l’école à la maison pendant la période du confinement

L’Unaf a réalisé un sondage « flash » auprès des familles sur l’école à la maison pendant la période de confinement, auprès de 1811 parents sur toute la France.

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L’Unaf a réalisé un sondage « flash » auprès des familles sur l’école à la maison pendant la période de confinement. Ce sondage a été réalisé auprès de 1811 parents sur toute la France. Il s’agit d’un échantillon non représentatif, mais il permet de faire l’inventaire des situations dont les pouvoirs publics doivent être conscients dans les mois à venir. Par ailleurs, un sondage a été réalisé directement auprès des associations familiales. 56 associations familiales ont répondu, ce qui permet d’approfondir les réponses des familles.

1. Ce qu’il faut en retenir

Une note concernant les cours et l’accompagnement proposés par l’Ecole a été donnée par les parents. Celle-ci est au-dessus de la moyenne (3,8 sur 5) et l’Unaf peut saluer ici le travail des enseignants et des établissements scolaires pour assurer une continuité éducative pendant le temps de confinement. Mais ceci n’empêche pas :

  1. Des difficultés vécues par 66% des familles dans notre échantillon et 48% des parents craignent que leurs enfants n’aient pas pu bien continuer à bien travailler pendant cette période de confinement.
  2. Les familles montrent aussi qu’elles ont dû fortement se mobiliser pour aider leurs enfants pour « l’école à la maison », ce qui a généré des difficultés de conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle et de gestion du temps. Le stress et l’impact sur le travail qui peuvent en découler ne sont pas à négliger.

52% des familles de notre échantillon ont eu des difficultés à concilier travail et famille.

Les recommandations de l’Unaf sont donc les suivantes : 

Développer davantage les relations des établissements scolaires avec les parents, en créant des moments d’échanges et de rencontres sur deux thématiques essentielles :

Il n’y a que 24 heures dans une journée. L’obligation légale éducative repose sur les seuls parents. Il faut renforcer le message adressé par le Gouvernement aux employeurs pour qu’ils fassent preuve de compréhension et reconnaissent qu’il n’est pas toujours possible aux parents d’être aussi productifs quand on a des enfants avec soi (en télétravail) ou qui risquent de l’être à tout instant.

2 – Caractéristiques de l’échantillon

Département d’habitation

La carte ci-contre représente la taille de l’échantillon département d’habitation. par Si les familles ont été plus ou moins nombreuses à répondre à notre sondage en fonction des départements, cette carte montre qu’il y a une assez bonne répartition des répondants sur toutes la France avec des départements plus ruraux, d’autres plus urbains, et des régions plus ou moins touchées par le Covid.19.

Type de familles

Les 1811 parents de l’échantillon vivent soit en couple pour la majorité d’entre eux, soit sont monoparentaux. Par rapport à la population générale, notre échantillon comporte un nombre de familles monoparentales moins élevé1.

Nous avons par ailleurs souhaité connaitre le pourcentage de familles organisées en garde alternée car chaque parent s’occupe alors seul des enfants de manière alternée, ce qui peut engendrer plus de difficultés. Ces familles représentent 3% dans notre échantillon.

On peut supposer que pour les familles monoparentales ou en garde alternée, l’école à la maison a été plus difficile à suivre pour les enfants, car les parents doivent alors à la fois organiser leur propre travail et suivre le travail scolaire des enfants, sans soutien de l’autre parent. C’est ce que nous pourrons vérifier par la suite.

Le nombre d’enfants

Le nombre d’enfants de notre échantillon est le suivant. Les familles avec deux enfants représentent plus de la moitié de l’échantillon. Les familles nombreuses2 , de plus de 3 enfants, sont relativement importantes : 28%.

Là encore, l’on peut supposer que les difficultés à suivre l’école à la maison pour les parents sont liées au nombre d’enfants à accompagner.

3 – Satisfaction des parents concernant les cours et l’accompagnement proposés par l’école

La note moyenne concernant les cours proposés et l’accompagnement par l’école est relativement élevée : 3,89 sur 5. La forte mobilisation des enseignants pour assurer des cours et un accompagnement de qualité a donc bien été perçue par les familles.

La note moyenne donnée par les familles monoparentales ou les familles en garde alternée est moins élevée, sans être pour autant aussi éloignée que l’on aurait pu supposer.

Elle se situe respectivement à 3,7 et 3,8. Les familles monoparentales sont 14% à donner une note de 1 ou 2 (contre 10% en moyenne), et les familles en garde alternée 12%.

Concernant le nombre d’enfants : il n’y a pas de différence significative.

En réalité, la satisfaction concernant les cours et l’accompagnement proposés par l’école dépend davantage des écoles et des enseignants que du type ou de la composition des familles, comme nous le verrons infra.

4 – Difficultés

66% des parents ont rencontré des difficultés pour accompagner leurs enfants. Les familles monoparentales sont un peu plus nombreuses à avoir rencontré des difficultés (68%) ainsi que les familles en garde alternée (73%).

Par ailleurs, les familles ayant 1 seul enfant sont moins nombreuses à rencontrer des difficultés que les autres familles (58% contre 67% en moyenne).

5 – Les types de difficultés rencontrées

1410 parents (78% des répondants) ont noté le type de difficultés rencontrées. Celles-ci peuvent être regroupées en 3 grandes catégories.

a) Des problèmes de temps

Tout d’abord la conciliation entre l’accompagnement des enfants et le travail ou télétravail reste un problème majeur : 52% des répondants rencontrent ce type de difficultés, Au regard du fait qu’un actif sur deux ne travaillerait pas pendant la période de confinement 3, ce taux est élevé. Ceci crée des difficultés d’organisation du quotidien (pour 45% des parents). Ce taux est un peu moins important pour les familles monoparentales : 39%, mais peut-être au vu de la difficulté à s’occuper seule de leurs enfants ont-elles été en arrêt de travail ou au chômage partiel ? De la même manière, ce taux est moins important pour les familles de 4 enfants et plus (36% contre 52%) car les parents sont sans doute moins souvent tous les deux actifs. Mais l’organisation du quotidien avec tous les enfants à la maison quand ils sont nombreux reste un souci pour autant de familles (47% pour les familles nombreuses 4). Le temps nécessaire pour accompagner les enfants est perçu par ailleurs comme trop important pour 29% des parents. Là encore, les familles nombreuses souffrent davantage que les familles ayant un seul enfant, en toute logique (16% de réponses pour un enfant, et 37% pour les familles nombreuses).

b) Des problèmes liés à l’utilisation d’internet et des écrans

24% des répondants ont eu des problèmes de connexion et 23% des problèmes d’équipement : manque d’ordinateur pour tous les membres de la famille, manque d’imprimante, … Le manque d’équipement monte à 46% pour les familles monoparentales, sans doute du fait de niveau de vie moins élevé. Il est aussi plus élevé pour les familles nombreuses qui doivent multiplier les équipements en fonction du nombre d’enfants (32%), de même que les problèmes de connexion (31%). Ce manque d’équipement informatique dans certaines familles monoparentales pauvres est en effet noté par les associations familiales : « des femmes seules avec peu de ressources, sans ordinateur ou tablette. » 16 % des répondants trouvent difficile par ailleurs d’utiliser les outils numériques. Ce taux monte à 34% pour les familles monoparentales. Il est aussi plus élevé pour les familles de 4 enfants et plus (25%).

c) Des difficultés pour accompagner son enfant dans sa scolarité

22% des parents notent que le travail donné par les enseignants est souvent trop long ou trop compliqué. Ce taux s’élève à 28 % pour les familles nombreuses. 17 % considèrent qu’ils ont des difficultés à aider leurs enfants et 17% que les enseignants n’accompagnent pas suffisamment les enfants. Les familles monoparentales évoquent plus souvent des difficultés pour aider leurs enfants (22%).

Cette difficulté est très souvent soulignée par les associations familiales pour les familles en situation d’illettrisme ou d’origine étrangère et parlant peu le français. Les élèves en situation de handicap ne sont pas pris en compte pour 4% des répondants, ce qui peut paraitre élevé au regard du nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés (évalué à 2,8% des enfants).

Les associations familiales soulignent aussi que les troubles « dys » des enfants sont difficiles à prendre en charge par les parents et que cela peut engendrer des difficultés relationnelles. En revanche, le manque de travail donné par les enseignants (rubrique autre) est rarement évoqué : 1%, de même que le manque de contact avec les enseignants (rubrique autre) (1%)

Notons que le manque de motivation ou de concentration de l’enfant (dans la rubrique autre) est aussi peu évoqué (4%).

d) Autres difficultés

Les associations familiales notent aussi très fréquemment les problèmes de logement. Elles notent aussi que certaines familles sont dépassées, notamment dans les quartiers politiques de la ville : débordés par les tâches ménagères, les courses, dépassés par le suivi scolaire, l’autorité face aux adolescents … « Des familles ne se sentent pas à la hauteur pour aider leurs enfants, des enfants qui ne veulent pas travailler avec leurs parents, des parents qui n’ont pas la langue française ou ne savent pas lire. Des ados rebelles qui ont fui la scolarité sans que les familles puissent intervenir. Ce que je décris est plutôt lié à la population des quartiers QPV avec des logements souvent trop petits ou pas équipé en écran pour travailler. Des mamans monoparentales plutôt débordées et inquiètent par les problèmes de queue pour l’approvisionnement et la disparition de l’aide des professionnels et de la cantine. »

Plus de la moitié des associations familiales interrogées ont mis en place une aide pour soutenir les familles pendant cette période. Il s’agit majoritairement de conseils donnés aux familles et de soutien individuel par mail ou par téléphone.

6 – Un déroulement de l’école à la maison

89% des parents ont répondu que le travail scolaire se passait plutôt bien, pour les raisons suivantes : La quantité de travail était plutôt équilibrée selon 70% des répondants. Ce taux baisse cependant à 64% pour les familles nombreuses.

En revanche seul un peu plus de la moitié des répondants ont trouvé que les enseignants encourageaient suffisamment les enfants. Et l’autonomie de l’enfant n’a pu être possible grâce à l’accompagnement des enseignants que pour 35% des répondants.

Par ailleurs, 29% des répondants ont trouvé que les moments de contact étaient suffisants en visio ou en audio.

7- Les enfants ont pu bien continuer à travailler

La moitié des parents considèrent que leur enfant a plutôt bien pu travailler pendant cette période scolaire. Les familles nombreuses sont un peu moins de la moitié (47%). En creux, on peut considérer qu’un retour à l’école est plus que nécessaire pour la moitié des parents. 48% considère que selon les enfants et selon les matières, ils n’ont pas pu continuer à travailler. 10% des parents sont vraiment négatifs. Ce taux passe à 15% pour les familles monoparentales.

1- Selon l’Insee en 2015 : Sur les 8,0 millions de familles avec enfants mineurs, 23 % sont des familles monoparentales.
2- Les familles nombreuses sont les familles de plus de 3 enfants. En France, les familles nombreuses représentent 18% des familles avec enfants.
3- Source : Baromètre des territoires réalisé par Odoxa-Adviso Partners pour France Bleu, France Info et Challenges.