« Transition écologique : préparons-nous à changer nos comportements », les apports de la prospective, évoqués lors du Grand Défi Ecologique de l’ADEME auquel l’Unaf a participé
Comme annoncé dans une précédente édition, l'Unaf vous propose un nouvel article sur les moyens de relever d'ici 2050 les défis de la transition écologique : "Stratégies de transitions : les apports de la prospective ».

« Transition écologique : préparons-nous à changer nos comportements » était le thème de la manifestation, le Grand Défi Ecologique, organisé par l’Agence de Développement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), les 29 et 30 mars 2022. Cet évènement avait pour objet d’évoquer les moyens de relever d’ici 2050 les défis de la transition écologique. Dans un premier article paru dans la Lettre d’information au réseau n°772, l’Unaf a informé sur les différents scenarios de transition écologique exposés à cette occasion. Lors de ce même colloque, d’autres activités et notamment des ateliers, ont permis de découvrir des solutions pour s’engager en faveur du climat et de la biodiversité.
C’est dans ce cadre que l’Unaf, représentée par Dominique Allaume-Bobe, administratrice, a participé à plusieurs ateliers, notamment « Stratégies de transitions : les apports de la prospective ».
Scénarios de l’ADEME, Stratégie Nationale Bas Carbone, futur énergétique 2050, etc. : la réflexion prospective sur les stratégies de transitions apparaît aujourd’hui centrale pour l’élaboration de nos politiques publiques de développement durable. Le nombre de travaux disponibles pour éclairer nos choix de transition écologique se multiplie. Il semble alors important de se poser la question de leur utilité pour les réflexions comme les décisions collectives. Quels sont dès lors les apports des scénarios prospectifs et comment peuvent-ils nous aider, par exemple, à construire un chemin vers la neutralité carbone ?
Quatre sujets ont été successivement abordés.
1- Emmanuel COMBET, de l’ADEME, a exposé le mode d’emploi des 4 scénarios ADEME qui sont la sobriété, l’efficacité, la gouvernance, le pari réparateur :
Il a indiqué que les 4 chemins chacun à leur manière, visent la neutralité carbone. Ils nourrissent le débat public non seulement au niveau national mais aussi au niveau des entreprises et des collectivités territoriales.
Il a ajouté que ce cheminement ne peut se faire que par étapes : mobiliser les connaissances et dialoguer, explorer les futurs possibles, évaluer les stratégies de transition, suivre et enfin piloter et corriger les transitions, si besoin.
Il a complété sur un dernier point important sur ce cheminent, le développement des études par secteur.
2- La manière dont ces scénarios peuvent aider la planification, au regard des enjeux pour les années à venir, est la suivante :
- La recherche d’un équilibre entre opportunités et risques tout en préservant la justice sociale,
- Le constat que la transformation des uns dépend de celle des autres et qu’il est donc nécessaire de coordonner et d’aligner les stratégies,
- La définition de modalités de planification en vue d’un renforcement de la gouvernance,
- La production et la diffusion d’informations utiles à chaque acteur pour répondre à la diversité des besoins, reflet de la diversité des situations.
3 – Le troisième sujet évoqué concernait la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) qui est révisée tous les 5 ans et qui détermine le budget carbone de la France.
La troisième Stratégie (SNBC3) est en cours d’élaboration : elle sera la feuille de route par filière pour l’atténuation des effets du réchauffement climatique. Cela constitue d’une part un gros travail de modélisation, avec la constitution de scénarios et une action de concertation avec les parties prenantes, d’autre part. La SNBC3 donne des orientations de politiques publiques pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.
L’atelier a abordé le passage de la SNBC à l’action : elle se fait notamment au travers de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), élaborée conjointement avec la SNBC. La PPE détermine les politiques énergétiques (quelle part pour les énergies renouvelables, pour le nucléaire, …).
La SNBC définit et suit de nombreux indicateurs, elle participe au renforcement des politiques et de la gouvernance climatique.
La poursuite de la réflexion collective sur l’ensemble de ces sujets est indispensable pour continuer d’avancer sur la mise en œuvre de la SNBC.
5 – Plusieurs enjeux de la SNBC 3 ont été exposés :
- La nécessité de capitaliser sur les travaux réalisés pour les précédentes SNBC,
- La mise à niveau en France, des nouvelles ambitions du pacte vert « fit for 55 » de l’Union Européenne, dans la SNBC3 (- 55% au lieu de – 40% d’émissions de gaz à effet de serre),
- Le besoin d’ajouter des budgets carbone pour les transports internationaux,
- L’intérêt de disposer de détails sur les mesures nécessaires à l’horizon 2030, y compris en termes d’engagements financiers de l’Etat.
Ces interventions ont été suivies de réponses de l’assistance aux questions suivantes :
- Pour vous quelle est l’utilité de tels scénarios ?
- Quels sont vos besoins pour mettre en œuvre votre transition énergétique ?
- Comment allez-vous organiser votre débat public local ?
- Quels sont les enjeux de gouvernance et d’organisation pour les années à venir ?
Hélène Macela-Gouin, de l’entreprise Schneider Electric, a souligné l’importance de bien distinguer entre prévisions et prospective. Les prévisions sont par exemple utilisées pour des études de marché et se basent sur ce qui est probable. La prospective sert à penser différemment, à se préparer à ce qui pourrait arriver (rupture imprévisible comme le Covid ou la guerre en Ukraine), à rechercher le futur souhaitable dans ce cas et à définir le point d’arrivée pour l’entreprise.
La conclusion de cet atelier a été apportée par Valérie Quiniou, directrice de la prospective et de la recherche à l’ADEME.
Elle a rappelé que la transition écologique a plusieurs dimensions géographiques (du local à l’Europe et à l’international) et que l’échelle temporelle n’est pas la même pour tous les acteurs : vision à long terme de la prospective pour les uns mais vision à plus court terme pour les acteurs économiques, par exemple… Elle a constaté que tout est lié : on ne peut pas parler de mobilité sans évoquer l’habitat, ni d’alimentation sans agriculture ou production de bois/construction mais aussi capture du carbone par la forêt. Il est donc important de passer à quelque chose de compréhensible pour tous, sans trop de controverses ni d’oppositions binaires (végétarien/ « viandard » ; cyclistes /automobilistes, …). Il faut maintenant créer un climat de confiance pour avoir un débat fructueux … Il faut aussi penser un futur souhaitable pour tous, en définir les critères et ne pas oublier les Objectifs du Développement Durable (ODD) : ils ne concernent pas seulement l’énergie mais aussi la justice sociale et permettent de clarifier les impacts… Il faut arriver à une concertation apaisée y compris dans le cadre du Conseil Economique Social et Environnemental et des forums citoyens, mais suffisamment en amont pour avoir le temps de s’organiser. Enfin, il convient de ne pas oublier l’apport des sciences sociales pour sortir du « tout technologie », afin de mieux faire travailler ensemble plusieurs disciplines.
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