Le logement au coeur des évolutions

Les logements ont beaucoup évolué depuis le début du 20ème siècle. Le saut qualitatif a été très important après la seconde guerre mondiale, où 50 % du parc a été reconstruit. Les grands ensembles, qui ont été fort décriés, ont par ailleurs permis de réels progrès en termes de surface, de confort et d’hygiène.

Réalités Familiales n°98/99
Le logement, une question familiale

Par Catherine Jacquot, architecte, membre du Conseil national de l’ordre des Architectes, nous a fait part de ses réflexions sur le thème de l’évolution des logements.

En France, la surface moyenne d’un logement est une des plus petites en Europe (environ 62 m2).
Cette limite est une réelle contrainte « Nous nous battons pour construire des logements plus grands de façon à pouvoir apporter plus de confort » souligne Catherine Jacquot.

Des bailleurs sociaux plus ouverts aux innovations

De nombreuses expériences sont conduites pour développer des logements évolutifs, qui s’adaptent aux futurs besoins des familles. Les innovations arrivent souvent par le logement collectif : les bailleurs sociaux sont les plus ouverts aux innovations et aux propositions des architectes.
Ainsi, pour favoriser la cohabitation intergénérationnelle, la solution peut être d’accoler un studio à un appartement familial : ce studio pourra permettre d’abriter un parent âgé ou un adolescent sur le chemin de l’autonomie.

Vers de plus grandes chambres

Pour l’agencement des appartements, la tendance est à faire des chambres des « pièces à vivre », avec le développement des nouvelles technologies, les chambres ne sont plus seulement des pièces où l’on dort. Les soirées où toute la famille se retrouvait devant la télévision ont tendance à disparaître : l’heure est à l’individualisation, avec chaque membre de la famille consultant son ordinateur dans sa chambre. Les logements prennent ces évolutions en compte. « Nous essayons aussi de faire avancer l’idée que la chambre parentale doit être isolée des autres, pour permettre notamment aux adolescents d’être indépendants » précise Catherine Jacquot. « Cela va à l’encontre du plan type proposé pendant des décennies, avec un espace « jour » et un espace « nuit », mais correspond mieux à la vie des familles ».
L’évolution des mœurs a aussi conduit vers des cuisines ouvertes : l’époque n’est plus à la ménagère enfermée seule devant ses fourneaux.

« Nous préconisons l’utilisation de portes coulissantes : elles permettent plus facilement d’adapter des espaces aux différents usages. Ainsi, dans les familles où des enfants de l’union précédente sont accueillis régulièrement, le séjour doit pouvoir être partitionné pour être transformé en chambre », souligne Catherine Jacquot.

Deux grand défis : lutter contre l’étalement urbain et diminuer la consommation d’énergie

Les architectes doivent, sur un plan plus général, répondre à deux grands défis : « il faut arrêter de grignoter les terres agricoles avec l’étalement urbain et concentrer l’habitat, et aussi lutter pour une meilleure efficacité énergétique des bâtiments. » indique cette élue du Conseil de l’ordre.
Ces défis sont autant de stimulations pour leur créativité : « il faut essayer de construire des logements collectifs qui proposent en compensation des espaces extérieurs de qualité : terrasses, grands balcons, loggias à proximité des services et des transports publics. Les architectes travaillent avec l’ensemble des partenaires sur l’efficacité énergétique des bâtiments : les recherches ont permis la construction de bâtiments à énergie passive, qui induisent de nouveaux modes de vie. Mais la rénovation énergétique des bâtiments existants est l’énorme chantier de la prochaine décennie… » conclut-elle. ■