Revue Recherches Familiales

Recherches Familiales n°18 : Varia

Par cette publication, notre revue réaffirme son caractère interdisciplinaire puisque ce numéro comprend des articles qui relèvent de disciplines différentes : psychologie, sociologie, droit et sciences de l’éducation.

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« Familles et rites » — « Enfant, enfance et discernement » Recherches familiales 2012 n° 9

Introduction

Gilles Séraphin

Pour la première fois depuis la création de la revue en 2004, un numéro de Recherches Familiales ne comprend pas de dossier thématique. Pourtant, deux appels à articles avaient été diffusés : le premier sur le thème : « Les ‘‘états’’ de la famille suite à la séparation du couple » et le second sur le thème : « Familles et luttes politiques et sociales ». Suite à cette diffusion, le comité de rédaction a certes reçu de nombreux articles, mais moins que lors des appels précédents. La crise sanitaire et le confinement expliquent probablement cette baisse des propositions.
Au terme des expertises et des échanges au sein du comité, uniquement cinq articles ont été retenus, dont trois qui pouvaient éventuellement s’insérer dans le cadre du premier appel. Face à ce nombre insuffisant, le comité a décidé de ne pas les rassembler au sein d’un dossier spécifique et de publier ces cinq textes dans une partie « Varia ».

Par cette publication, notre revue réaffirme par ailleurs son caractère interdisciplinaire puisque ce numéro comprend des articles qui relèvent de disciplines différentes : psychologie, sociologie, droit et sciences de l’éducation.
Tout d’abord, Gérard Neyrand étudie « La coparentalité : un principe central de la famille contemporaine difficile à mettre en œuvre ». Selon cet auteur, si la notion de coparentalité s’est dégagée à l’occasion des problèmes posés par les séparations conjugales, elle constitue le principe central du nouvel ordre familial qui se veut démocratique, assurant l’égalité parentale et préservant la liberté individuelle. Les parents s’y trouvent interpellés de façon différente selon leur genre, alors que la diversification des situations familiales, liée tant à l’évolution des mœurs qu’à l’assistance médicale à la procréation avec tiers donneur, favorise les débats contradictoires. L’objectif de l’article est d’éclairer le processus qui a conduit à cette situation et d’analyser quels présupposés naturalistes la coparentalité doit dépasser pour pouvoir être mise véritablement en œuvre.

Caroline Henchoz, quant à elle, dans l’article intitulé « Le divorce et l’argent des hommes. Perceptions et conséquences sur les arrangements financiers entre adultes et avec les enfants » part du constat que dans les recherches sur les organisations financières des ménages, l’argent masculin est souvent présenté comme un argent préservé, un argent puissant car associé à du pouvoir et à un certain nombre de privilèges. L’image qui en est donnée lors d’un divorce est tout autre. S’appuyant sur une quarantaine d’entretiens réalisés auprès d’hommes, de femmes et d’enfants de couples divorcés, cet article explique d’où vient la représentation largement partagée par les acteurs et actrices du divorce du père financièrement perdant et d’un argent masculin menacé par la séparation. Il montre que cette représentation a valeur de prophétie autoréalisatrice car elle a des conséquences sur les arrangements financiers qui se mettent en place entre les femmes et les hommes mais aussi avec les enfants suite à une séparation. Ces échanges familiaux post-rupture vont contribuer à renforcer le prestige symbolique de l’argent masculin et à invisibiliser les contributions féminines et enfantines confortant la perception qu’à l’argent masculin généreux répond l’argent immérité des femmes et des enfants.

Sabrina Burgat et Thierry Bornick, de leur côté, étudient « L’égalité en droit de la famille après un divorce en Suisse : liens entre droit civil et droit fiscal à la lumière de l’arrêt du Tribunal Fédéral 2C_544/2019 ». Cet article examine les conséquences fiscales des contributions d’entretien en faveur des enfants après une séparation ou un divorce, en particulier en cas de garde alternée , à la lumière d’une décision du Tribunal fédéral suisse d’avril 2020, sous référence 2C_544/2019. Cet arrêt confirme le refus de l’autorité fiscale de prendre en compte les frais directs qu’un père exerçant la garde alternée paie en faveur de ses enfants, en lieu et place de verser la contribution d’entretien fixée dans le cadre d’un jugement de divorce. C’est l’occasion de mettre en lumière l’absence de corrélation entre le régime fiscal des contributions d’entretien (pensions alimentaires) et les règles de droit civil permettant de fixer les contributions d’entretien en cas de séparation et de divorce, en particulier quand les parents font le choix de la garde (résidence) alternée Des pistes de réflexion sont proposées, aussi bien pour la pratique des tribunaux en droit de la famille que pour l’autorité législative qui tente depuis de nombreuses années de réformer le système suisse d’imposition de la famille.

Françoise Hatchuel, dans une approche clinique en sciences de l’éducation, analyse la famille comme un mythe protecteur à réinventer. Dans cet article, à l’articulation de la clinique d’orientation psychanalytique et de l’anthropologie, elle interroge ce qu’elle appelle le « mythe familial », c’est-à-dire la croyance, nécessaire à toute tentative éducative, de pouvoir offrir un milieu protecteur aux enfants et qui soutient la construction familiale. En effet, face à l’inquiétude que provoque la fragilité des enfants, il est nécessaire de pouvoir la refouler pour parvenir à prendre en charge les plus jeunes et ainsi perpétuer la société. Mais ce refoulement s’opère sur la base de normes (définissant « bonne » famille) qui s’avèrent parfois ne plus être opérantes lorsque la famille se sépare. Une attention particulière sera portée sur la difficulté des pères à trouver leur place (et de la société à la leur accorder) dans ce contexte.

Sihem Mathlouthi, Slah Eddine Ben Fadhel et Mohamed Ghosn El Mersni, quant à eux, abordent les « Stades d’aggravation de la déviance et déficit d’autorégulation comportementale chez les jeunes tunisiens : Rôle du climat familial violent perçu ». Leur étude tente d’apporter un éclairage sur la déviance chez les jeunes et leurs propres difficultés à autoréguler leurs comportements en se focalisant sur le rôle du climat familial dans cette relation, notamment dans un contexte socioculturel tunisien qui légitime souvent le recours à la violence intrafamiliale. L’objectif de ce travail est d’examiner d’une part, les liens entre les déficits de l’autorégulation comportementale et les stades d’aggravation de la déviance (i.e., apparition, exploration et explosion) dans lesquels se trouvent les jeunes et, d’autre part, l’effet du climat familial violent perçu sur l’interaction entre les capacités d’autorégulation comportementale et les stades d’aggravation de la déviance. Les principaux résultats démontrent un déficit plus important dans l’autorégulation comportementale chez le groupe se trouvant en stade d’exploration (stade 2) et d’explosion (stade 3), comparativement au groupe identifié en stade d’apparition (stade 1). Ce lien est expliqué par un effet différencié de la violence intrafamiliale perçue et ce, en fonction des stades d’aggravation de la déviance. La socialisation des jeunes tunisiens dans la rue, le désengagement familial et la dysrégulation éducative parentale, constituent autant de facteurs déterminant dans les déficits de l’autorégulation comportementale chez les jeunes tunisiens déviants.
Au final, cette approche interdisciplinaire de la recherche sur le sujet de la famille, revendiquée par notre revue, qui se retrouve dans les articles proposés, est complétée par la parution de neuf notes de lecture critiques, relevant de cadres disciplinaires tout aussi variés.

Sommaire

NOTES DE LECTURE / VIENT DE PARAÎTRE

PRESENTATION DES AUTEURS

APPEL A CONTRIBUTION

Recherches familiales n° 19 : Familles et professionnel.le.s.

Recherches Familiales

Expertise

Le numéro 21 de la revue «Recherches Familiales» de l’Unaf vient de paraître, intitulé «Frères et sœurs ».

Recherches familiales n 20
Expertise

Le numéro 20 de la revue «Recherches Familiales» de l’Unaf vient de paraître, intitulé «Recherches Familiales fête ses 20 ans : Regards interdisciplinaires sur la famille».

Numéro 19 de la revue Recherches Familiales : Familles et professionnel.le.s
Expertise

Le numéro 19 de la revue Recherches Familiales de l’Unaf vient de paraître, intitulé «Familles et professionnel.le.s».

« Familles et rites » — « Enfant, enfance et discernement » Recherches familiales 2012 n° 9
Expertise

Par cette publication, notre revue réaffirme son caractère interdisciplinaire puisque ce numéro comprend des articles qui relèvent de disciplines différentes : psychologie, sociologie, droit et sciences de l’éducation.