Enquête thématique

Synthèse Étude sur les formes d’accueil mixte

L’UNAF a engagé, avec Pierre Moisset, une étude sur les formes d’accueil mixte de la petite enfance. Par formes mixtes, nous entendions celles qui mêlent - suivant différentes modalités, différents dosages - accueil individuel et accueil collectif des jeunes enfants. Nous étions plus particulièrement à la recherche d’expériences d’accueils mixtes se déroulant en milieu péri-urbain ou rural ainsi que d’expériences impliquant la collaboration ou le partenariat étroit d’un RAM (Relais Assistants Maternels) avec différentes structures collectives.

Voir toutes les études

Enquête thématique

L’UNAF a engagé, avec Pierre Moisset, une étude sur les formes d’accueil mixte de la petite enfance. Par formes mixtes, nous entendions celles qui mêlent – suivant différentes modalités, différents dosages – accueil individuel et accueil collectif des jeunes enfants. Nous étions plus particulièrement à la recherche d’expériences d’accueils mixtes se déroulant en milieu péri-urbain ou rural ainsi que d’expériences impliquant la collaboration ou le partenariat étroit d’un RAM (Relais Assistants Maternels) avec différentes structures collectives.

Cette démarche a commencé par un appel à témoignage diffusé sur plusieurs réseaux (UNIOPSS etc…). Appel qui a permis d’entrer en contact avec une dizaine d’initiative et d’en retenir finalement 5 présentant des formes de collaboration de l’accueil individuel et collectif plus ou moins poussées. De simples temps de rencontre mensuels jusqu’à des activités communes, temps d’accueil commun et organisation de relais d’accueil autour de mêmes enfants. Parmi les 5 initiatives retenues, 2 se situent en milieu rural ou périurbain et trois en milieu urbain dont une en région parisienne. Cette synthèse fait état des principaux résultats de la démarche.

PLUSIEURS CONTEXTES DE CREATION

Les démarches d’accueil mixte que nous avons analysées naissent dans deux contextes : soit la recherche d’animation et d’intégration territoriale des modes d’accueil, soit la recherche (de la part d’un service ou d’une association) d’une offre d’accueil combinée. Nous avons d’un côté des territoires ruraux ou périurbains qui, face aux changements de leur population (tertiarisation des modes de vie en milieu rural du fait de l’installation de ménages actifs travaillant dans les villes centre proches) cherchent à renforcer quantitativement et qualitativement leur offre d’accueil. Ces collectivités passent alors par des formes mixtes afin d’associer les assistants maternels déjà actives sur leur territoire à leurs efforts. D’un autre côté, les offres d’accueil combinée sont plutôt développées pour répondre à des besoins d’accueil à horaire atypique avec le relais de l’accueil individuel sur les créneaux d’accueils atypiques.

LA RENCONTRE DIFFICILE DE L’ACCUEIL COLLECTIF ET INDIVIDUEL

Les différentes démarches abordées ont permis de mettre en évidence à quel point la rencontre des professionnels de l’accueil collectif et individuel est délicate dans le contexte actuel. Avec parfois une défiance forte et des regards de dénigrement et de jugement de la part des professionnels de l’accueil collectif. Face à ces premières difficultés de rencontre, quatre conditions de possibilité (ou facilitatrices) sont apparues à l’analyse.
1. Les micro-crèches plus ouverte à ces initiatives que les crèches. Ces petits établissements mettent moins fortement en place une « fermeture » par rapport à l’extérieur que les EAJE de plus grandes tailles et peuvent donc plus facilement s’ouvrir à la collaboration avec des assistants maternels.
2. Se rencontrer en « terrain neutre ». Les rencontres et collaborations entre professionnels de l’accueil individuel et collectif qui se déroulent à l’extérieur des établissements et des services sont plus sereines et convaincantes que celles qui se déroulent au sein des établissements.
3. Une question de formation. Les professionnels de l’accueil collectif de formation « classique » (AP, EJE) semblent plus méfiants à l’égard des assistants maternels que les autres profils de professionnels d’EAJE (CAP PE, animateur). Il semble donc intéressant de développer ce type de démarches avec des équipes « mixtes ».
4. Un portage institutionnel et politique fort. Ces formes mixtes d’accueil vont, aujourd’hui, tellement à l’encontre du clivage traditionnel des modes d’accueil que, pour vivre et évoluer, elles ont besoin d’un fort portage institutionnel. Un portage qui permet aux professionnels de dépasser leurs réticences et méfiance de départ.

LES APPORTS

Cette étude a permis de mesurer à quel point ces formes mixtes d’accueil sont peu fréquentes et délicates à mettre en place et faire vivre. Mais elle a aussi été l’occasion de mettre en évidence leur intérêt. Deux grands apports sont, d’ores et déjà, apparus.

Faire émerger une professionnalité unifiée de l’accueil de la petite enfance ?

A nos yeux, un des principaux apports de ces démarches est de faire émerger, par la rencontre parfois conflictuelle entre professionnels de l’accueil collectif et individuel, une esquisse de ce que pourrait être une professionnalité de l’accueil de la petite enfance. Qu’est-ce à dire ? Les professionnels du collectif et individuel, en se rencontrant, en s’observant travailler (ce qui est un de leurs principaux intérêts pris à ces démarches) observent des façons de faire, des attitudes qui ne leur semblent pas uniquement « meilleure » ou « moins bien » que les leurs (le fait que les assistants maternels ne préviennent pas les enfants avant de les moucher, le fait qu’ils relèvent les enfants quand ils sont tombés sans leur parler, ou bien le fait que les professionnels du collectif ne peuvent pas donner de surnoms aux enfants) mais relevant d’un autre contexte d’accueil. Aussi, cette étude nous a permis d’entendre des professionnels noter qu’il était possible de faire autrement et ressentir alors que leurs pratiques ne se justifiaient pas uniquement par le bien de l’enfant mais aussi par un certain nombre de « rituels professionnels ». Ainsi, au-delà du fait de ne pas se positionner par défaut ou en supérieur des autres professionnels, ces formes d’accueil mixtes permettent parfois d’établir un autre critère de professionnalité de l’accueil de la petite enfance, valable dans tous les contextes celui-ci : la réflexivité.

Des formes d’accueil idéales ?

L’autre grand apport de ces formes d’accueil mixtes est l’aménagement de parcours ou modalités d’accueil qui cumulent les avantages de l’accueil individuel et collectif : protection et stimulation, personnalisation et socialisation. Dans trois des cas étudiés, les professionnels et parents (parfois) remarquent que l’expérience permet une coordination des deux formes d’accueil pour le bien de l’enfant et, en cela, font ce qui serait des formules d’accueil « idéales » où les limites de chacune de modalités d’accueil serait compensée par l’autre.

A SUIVRE….

Au final, cette étude incite à poursuivre les expérimentations de formes d’accueil mixte. Car ces formes innovantes semblent pouvoir répondre aux besoins des enfants et des parents et aux besoins des territoires dans leur évolution au sein des politiques de la petite enfance. En prêtant attention aux différentes conditions de possibilité que nous avons évoqué plus haut, il nous semble souhaitable de continuer à explorer ces tentatives. En effet – moyennant un portage politique et institutionnel fort – elles peuvent renforcer la cohérence des modes d’accueil sur un territoire, elles stimulent la réflexivité professionnelle et – tout de même – décloisonnent deux filières d’accueil que l’histoire a façonné séparément et qui doivent, aujourd’hui, trouver une forme de communauté et de proximité face aux nouveaux enjeux de l’accueil de la petite enfance.

Pour approfondir ce sujet, nous vous proposons de lire l’intégralité de l’étude sur les formes d’accueil mixte, disponible au format PDF.

Voir aussi