L’action de l’IFPJM pour les personnes protégées et les services associatifs

L’Interfédération de la protection juridique des majeurs (IF-PJM) regroupe l’Unaf, la Fnat et l’Unapei. Représentant le secteur associatif à but non lucratif, animées par des valeurs de solidarité, les trois fédérations regroupent plus de 300 associations sur tout le territoire, qui protègent plus de 320 000 personnes grâce à 12 000 professionnels.

Réalités Familiales n° 138/139
Marie-Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf, Luc Gateau, Président de l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) et Ange Finistrosa, Président de la Fnat

Réalités Familiales n° 138/139

Interview croisée : Marie-Andrée Blanc, Présidente de l’Unaf, Luc Gateau, Président de l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) et Ange Finistrosa, Président de la Fnat (Fédération nationale des associations tutélaires)

Quels sont, pour vous, les atouts d’une action en Interfédération PJM ?


Marie-Andrée Blanc (Unaf) : l’Interfédération PJM réunit les trois réseaux associatifs, chacun avec ses spécificités. Parler ensemble aux pouvoirs publics et aux médias est une force pour porter la voix des personnes protégées et faire valoir les spécificités des services qui travaillent en équipes pluridisciplinaires.

Luc Gateau (Unapei) : L’Interfédération PJM mobilise l’intelligence collective de ses bénévoles, adhérents et professionnels, afin d’avancer vers un but commun : le respect des droits fondamentaux et de la dignité des personnes accompagnées par des professionnels reconnus.
C’est un véritable changement de paradigme : de concurrents potentiels nous sommes passés à cofondateurs d’une politique publique de la protection juridique des majeurs, que nous portons d’une seule voix.

Ange Finistrosa (Fnat) : Nous avons très vite compris que le partage d’action en commun permettait d’exercer une influence sur les enjeux de notre secteur et accroître ainsi la reconnaissance des professionnels de la protection juridique des majeurs.

Grâce à cette Interfédération, nous menons également en amont une réflexion collective autour des mêmes enjeux et nous faisons converger nos initiatives en faveur du secteur, par exemple la construction d’outils structurants tels que le « plaidoyer pour sauvegarder la PJM » et des « fiches techniques » à l’attention des élus de nos associations.


Quelle réussite de l’IF-PJM souhaitez-vous mettre en avant ?


Ange Finistrosa : Deux réussites nous paraissent fondamentales : la première est le recours auprès du Conseil d’État contre le décret fixant le barème de participation des personnes protégées et notamment la première tranche du barème.
La seconde est la réalisation de l’excellente étude sur les gains socio-économiques de la PJM. Nous avions à cœur de rapporter la « preuve par l’euro » que l’argent public injecté dans ce dispositif ne l’était pas à fonds perdu. C’est la première étude d’objectivation qui a permis de faire taire les détracteurs nous opposant systématiquement que nous coûtions chers aux finances publiques.

Marie-Andrée Blanc : Le plaidoyer porté par l’Interfédération PJM est d’autant plus fort et entendu qu’il s’appuie sur l’étude d’impact incontestée réalisée par un cabinet indépendant. Suite à cette étude, nous avons obtenu le financement de 200 professionnels supplémentaires ainsi que l’intégration des délégués mandataires dans les mesures de revalorisation salariale prévues pour les secteurs social et médico-social. C’est une première avancée pour nos services qui assurent la protection de personnes dont les situations sont toujours plus complexes.

Luc Gateau : Nous demandons une revalorisation salariale de tous les professionnels de la PJM. Le constat n’est pas satisfaisant, car une différence persiste entre salariés. Nous souhaitons que la personne vulnérable soit respectée en tant que citoyenne et accompagnée en fonction de ses capacités et de ses envies. Cependant, le législateur proclame de nouveaux droits sans donner les moyens de leur effectivité.

Comment voyez-vous la déclinaison de l’action nationale de l’IF-PJM dans les territoires ?


Luc Gateau : Elle se concrétise de manière simple, car les associations tutélaires partagent des valeurs et principes communs. Cette capacité qu’ont nos réseaux de savoir se réinventer en mettant en avant une véritable coopération fondée sur la confiance et les interactions entre ses membres, est un élément clé de cette réussite, bien plus que le formalisme du portage. Cela s’est mesuré lors des mobilisations communes récentes liées aux revalorisations salariales.

Ange Finistrosa : La traduction de nos actions nationales au plan territorial est une évidence qui s’est imposée naturellement. Cette action combinée a eu d’excellents résultats quant à la mobilisation des députés et sénateurs, mais aussi des acteurs locaux (collectivités, services de l’État). Plusieurs questions parlementaires ont été posées grâce à l’implication des administrateurs des associations locales.

Marie-Andrée Blanc : L’efficacité de nos actions repose grandement sur l’implication de nos réseaux respectifs. Pour nos rendez-vous avec les cabinets ministériels, les parlementaires et les administrations centrales, nous nous appuyons sur des remontées concrètes. Dans les territoires, bien souvent, nos membres agissent de concert auprès des décideurs et médias locaux, ce qui donne encore plus de poids à l’action de notre Interfédération. 

« Je vois ma mandataire une fois par mois, elle m’explique le budget et quand je veux quelque chose, je l’appelle. Des fois, elle me dit « non ». Je le respecte, je me dis qu’on verra ça plus tard. Je sais que je ne suis pas la seule dont elle s’occupe. En ce moment, on prépare mon cadeau pour mes 60 ans. Je pars faire une croisière de deux jours sur le Rhin (…) Il y a aussi des choses que je peux faire seule : acheter des choses, voter. Pour les élections, je les écoute tous, je réfléchis bien. Je regarde les débats, mais ils m’énervent avec leurs promesses. Il y a tellement d’idiots que je ne sais pas pour qui voter. »

Témoignage