L’Unaf a participé à l’installation par le ministre des solidarités, Jean-Christophe Combe, de la cellule de suivi de l’inflation
Guillemette Leneveu, Directrice Générale de l'Unaf, est intervenue lors de la réunion tenue par Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, le 21 mars 2023, mettant en place un suivi de l’inflation, aux côtés d'associations de lutte contre la pauvreté. L’Unaf a de nouveau soulevé les conséquences de l’inflation pour les familles ayant charge d’enfants, à l’appui de son dispositif des budgets-types qui mesure chaque mois l’évolution du coût de la vie selon différentes configurations familiales.

Rappelant les chiffres de l’inflation des derniers mois et mettant en avant les mesures prises par le gouvernement, le Ministre a indiqué vouloir mettre en œuvre des outils d’observation, avec des résultats tous les 3 mois à partager avec les associations afin de disposer ensemble d’une vision consolidée. Il a également rappelé la réalisation en cours d’un Pacte des solidarités.
Puis, le CNLE ( Conseil National de lutte contre les exclusions) a présenté les derniers résultats de son baromètre qualitatif permettant une approche multidimensionnelle de la pauvreté, dont les enjeux ne sont pas que financiers (par exemple les difficultés liées à la dématérialisation). La démarche qualitative permet d’approfondir les phénomènes marquants, ainsi que de repérer les signaux émergents que les études quantitatives ne permettent pas. Ce baromètre fait notamment apparaître 4 publics particulièrement touchés :
- Les retraités non éligibles aux aides ;
- Les classes moyennes en CDI à temps plein confrontées aux hausses des coûts d’énergie, et aux conséquences des législations (travaux de rénovation, remplacement de véhicules) ;
- Les personnes fragiles (familles nombreuses, familles monoparentales, arrêts de travail, maladie, intérimaires, etc) n’arrivant plus à boucler leur budget ;
- Les personnes précaires (difficulté pour se nourrir, se chauffer).
L’étude montre le besoin d’accompagnement budgétaire. Elle attire l’attention sur certains de ces publics jugés « invisibles » car placés, soit au-dessus des critères de ressources, soit en situation irrégulière. Elle évoque le risque de « spirale de précarisation » avec le cumul de problèmes personnels menaçant la situation professionnelle, et un risque de désinvestissement.
Le ministre a annoncé à l’occasion de cette réunion, une revalorisation de 1,6% des prestations familiales et des minima sociaux au 1er avril 2023. Cette revalorisation vient compléter une anticipation de revalorisation exceptionnelle de 4% des prestations familiales intervenue en juillet 2022 lors du projet de loi « pouvoir d’achat », aboutissant de ce fait à une revalorisation de 5,6% de la base mensuelle de calcul des allocations familiales (BMAF) sur 12 mois.
A la suite de la présentation du baromètre, la directrice générale de l’Unaf, Guillemette Leneveu, a souligné plusieurs points auprès du ministre :
- L’inflation augmente le coût de la vie décente, dont nous mesurons l’évolution chaque mois grâce à nos budgets types. Pour les parents d’enfants à charge, les effets de l’inflation sont plus marqués. Selon Ies budgets-types de l’Unaf, un couple avait besoin fin 2022 de 189€ par mois de plus qu’un an auparavant pour maintenir une vie décente s’il avait un enfant, et de 322€ s’il en avait quatre. Sur 2 ans, ces montants sont respectivement de 285€ et 463€ ;
- L’alimentation a, en ordre de grandeur, augmenté deux fois plus que l’indice des prix. Or la moitié de l’augmentation des besoins des familles vient de l’alimentation, sur laquelle les économies d’échelle sont quasi impossibles.
- Le baromètre qualitatif présenté par le CNLE montre notamment les difficultés rencontrées par les parents en emploi, qui ne peuvent maintenir un niveau de vie décent, l’évolution des revenus d’activité étant inférieure ; ce qui induit un rapport au travail contrarié, sans compter les difficultés pour assumer les coûts liés à la conciliation entre travail et garde d’enfants. Ceci induit des mesures élargies à ces catégories de familles.
- Cette étude montrant aussi les effets de la hausse des coûts de l’énergie et des futures ZFE (zone à faibles émissions mobilité) pour les familles modestes, Guillemette Leneveu a alerté le Ministre, sur les menaces pesant sur le financement par la CDC des plateformes pour la gestion du microcrédit, alors que les ménages ont recours au micro crédit pour financer l’acquisition de véhicules, et alors que le ministère de l’économie plaide pour ce dispositif.
S’agissant de la hausse des minima sociaux et prestations familiales annoncée par le Ministre, l’Unaf s’est jointe aux réactions défavorables de l’ensemble des associations présentes. Dans le contexte de crise actuelle et de forte inflation, l’Unaf a relevé que le chiffre retenu pour l’inflation par l’Insee ne correspond pas à la hausse réelle subie par les familles qui dépensent davantage, notamment pour l’alimentation dont l’inflation est très supérieure. Elle souhaite une clause de revoyure dès le mois de juin pour étudier un complément de revalorisation en anticipation, ou une modification des règles légales qui ne sont pas adaptées à la situation actuelle de forte hausse des coûts.
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